Motolú* est le premier projet de création de la compagnie Accrobantous (Kinshasa, République Démocratique du Congo) avec sa troisième génération d’artistes.
Le spectacle est une création collective de l’ensemble de la troupe (y compris ceux et celles qui ne font pas actuellemment partie de la distribution), accompagnés par le metteur en piste Karim Troussi et la dramaturge Émilie Malosse, grâce au soutien de l’Institut Français de Kinshasa – Halle de la Gombe.
L’accompagnement dont a bénéficié la compagnie pour cette création a été co-mis en place par les Accrobantous, la Compagnie du Jour, l’Institut Français de Kinshasa et l’école nationale de cirque du Maroc Shems’y.
Synopsis
Il ne reste aujourd’hui que les vieux et le griot au village. Tous les jeunes ont abandonné le travail de la terre pour rejoindre la ville. Ils ne reviennent qu’une fois par an pour célébrer une cérémonie rituelle, qui est aussi l’occasion de se retrouver et de faire la fête.
Mais derrière la joie des retrouvailles se cache une réalité bien cruelle car, sans les jeunes, le village dépérit : les anciens n’ont plus la force de cultiver la terre et la famine les menace. De plus, d’année en année, moins en moins de jeunes prennent la peine de revenir au village…
Le spectacle évoque différentes problématiques importantes au Congo, comme l’exode rural (la population de Kinshasa est passée de 40 000 habitants à plus de 10 millions en moins de 100 ans, alors même que le taux de chômage y est de 80%), la sous-exploitation agricole (80 millions d’hectares de terres arables, dont seulement 10% sont exploités alors que le pays importe 80% de ses ressources alimentaires) ou encore l’abandon des traditions.
À travers cette fable il est aussi question d’évoquer le phénomène de désengagement qui frappe les secteurs d’activité qui ne présentent pas un profit immédiat ; un désengagement dû à la précarité de la vie, qui appauvrit les domaines d’activité concernés (l’agriculture, bien sûr, mais aussi les arts) et fragilise l’esprit de collectivité.
*« Motolú » est le cordon ombilical en Lingala (langue bantoue parlée en RDC). Traditionnellement, on enterre le placenta avec le cordon ombilical du nouveau-né à proximité du lieu de naissance. Cela signifie l’enracinement de l’enfant à la terre qui l’a vu naître ; cette restitution à la terre permet aussi de la féconder davantage et de donner plus de vie à ceux et celles qui l’habitent. L’exode rural va à l’encontre de cette pensée.
Interprétation : Alexis Sabue, Julio Nyembo Luteta, Idéal Okes Lukodi, Jean-Marc Ngeleda, Jephté Nongo Bokatola
Mise en piste : Karim Troussi
Dramaturgie & écriture : Emilie Malosse
Concept des costumes : Lambert Mousseka
Réalisation des costumes : Houria Bensaïd
Coaching technique : Jihad Ouakrim